Assistance médicale à la procréation -Principaux chiffres de l’activité

Les données des centres clinico-biologiques et des laboratoires d’AMP permettent de décrire l’ensemble des activités d’AMP réalisées en France en 2018, ainsi que les tendances observées entre 2015 et 2018. Il est ainsi possible d’observer l’évolution du volume d’activité des différentes techniques d’AMP, notamment celles liées aux dons, à la préservation de la fertilité ou à l’utilisation de techniques particulières. Cette présentation de l’activité permet d’ouvrir des pistes de réflexion et d’analyses complémentaires.

Par ailleurs, l’Agence de la biomédecine a développé d’autres rapports annuels d’évaluation disponibles sur le site de l’Agence dont notamment :

  • des fiches régionales décrivant l’activité au niveau de chaque région et proposant des éléments de réflexion aux agences régionales de santé en charge des autorisations d’activité1,
  • des rapports annuels d’évaluation des résultats des centres prenant en compte les caractéristiques de la patientèle (en particulier l’âge des femmes), à destination des centres d’AMP en vue d’amélioration des pratiques2 .

 

 

  1 https://www.agence-biomedecine.fr/Activite-regionale-AMP
  2 https://www.agence-biomedecine.fr/Evaluations

 

Bilan de l’activité

En 2018, 148 711 tentatives d’AMP ont été recensées, regroupant les inséminations, les fécondations in vitro et les décongélations d’embryons congelés3  avec gamètes et embryons issus ou non d’un don (

Tableau AMP1

).

Les inséminations artificielles (47 187 cycles) occupent toujours une large place au sein des activités d’AMP (32% de l’ensemble des tentatives). Les inséminations intra-utérines (IIU) font appel aux spermatozoïdes de donneur dans 6% des cas (

Tableau AMP1

 et 

Tableau AMP2

). Les IIU contribuent à 22% (19,6% en intraconjugal et 2,2% en don de sperme) des naissances post-AMP répertoriées en 2018.

Les prélèvements d’ovocytes en vue de fécondation in vitro représentent 60 359 cycles (

Tableau AMP1

 ,

Tableau AMP2

) auxquels il faut ajouter 777 prélèvements d’ovocytes en vue de don (

Tableau AMP33

).

Le recours à l’ICSI représente 67% de l’ensemble des tentatives de fécondation in vitro quelle que soit l’origine des gamètes utilisés (

Tableau AMP2

 et 

Tableau AMP1

). On peut remarquer que la pratique d’ICSI reste majoritaire lorsqu’il est fait appel à des ovocytes ou des spermatozoïdes issus de don (

Tableau AMP1

).

Pour près de 96% des AMP, les tentatives (IIU, FIV hors ICSI, ICSI et TEC) sont réalisées avec les gamètes des deux membres du couple. Dans 4,3% des cas, les tentatives utilisent des spermatozoïdes, des ovocytes ou des embryons issus de don (

Tableau AMP1

).

Notons que 5,1% des enfants conçus par AMP sont nés grâce à un don (1 270 enfants) (

Tableau AMP1

) :

  • 3,6% des enfants sont issus d’un don de spermatozoïdes (906 enfants),
  • 1,4% des enfants sont issus d’un don d’ovocytes (343 enfants)
  • 0,08% des enfants sont issus d’un accueil d’embryon (21 enfants)

 

3 Dans la totalité du document on entend par « embryons congelés » à la fois les embryons congelés par la technique de congélation lente et par la technique de congélation rapide (la vitrification)

Tableau AMP1. Résumé de l'activité et des résultats d'AMP en 2018

Les différences observées sur les taux de grossesse et d’accouchement en fonction des techniques et de l’origine des gamètes (

Figure AMP1

 et 

Figure AMP2

) sont davantage liées aux indications de ces différentes AMP (causes de l’infertilité, pathologies associées, etc.) qu’aux procédés eux-mêmes.

Globalement, les taux d’implantation embryonnaire semblent augmenter progressivement au cours de ces dernières années pour la majorité des techniques (

Tableau AMP12

 ,

Tableau AMP20

 et 

Tableau AMP30

). Cette augmentation peut être liée à la hausse des transferts d’embryons obtenus après culture prolongée (Culture embryonnaire prolongée).

Des chances de succès supplémentaires sont offertes aux couples dès lors qu’il a été possible de conserver des embryons après la fécondation in vitro ; les couples peuvent ainsi bénéficier d’un ou de plusieurs transferts embryonnaires supplémentaires. Après un transfert d’embryons congelés, les chances de succès dépendent de l’origine des gamètes et des embryons. En intraconjugal et en don de spermatozoïdes, les taux d’accouchement par décongélation d’embryons sont respectivement de 20,3% et 21,3%. En 2018, les taux d’accouchement sont inférieurs lorsque les embryons congelés sont issus d’un don d’ovocytes (15,7% ;

Figure AMP2

). Ceci peut être partiellement expliqué par le nombre restreint d’embryons disponibles dans cette situation ou par des indications ayant conduit au don d’ovocytes.

 

Figure AMP1. Taux de grossesses échographiques après tentative* d'AMP selon la technique et l'origine des gamètes en 2018
Figure AMP2. Taux d'accouchements après tentative* d'AMP selon la technique et l'origine des gamètes en 2018

Selon l’INSEE4 , en 2018, 758 590 nouveau-nés ont vu le jour en France. Les enfants nés vivants, conçus après une AMP réalisée en 2018, au nombre de 25 120 représentent 3,3% des enfants nés de la population générale. Ce nombre d’enfants nés est modérément sous-estimé en raison des 115 enfants nés après AMP réalisée en 2018 dont le statut vital n’a pas été renseigné dans les données transmises et de la non-déclaration d’activité de deux centres d’AMP5 .

Le nombre d’enfants conçus par AMP parmi les enfants nés chaque année en France augmente depuis 2009 (2,6% en 2009, 3,3% en 2018). On estime qu’un peu plus d’un enfant sur 30 est issu d’une AMP.

La 

Figure AMP3

 montre la part respective des enfants nés selon les techniques d’AMP. On note ainsi parmi les 25 120 enfants nés issus d’une AMP réalisée en 2018 :

  • 21,9% (5 495 enfants) ont été conçus par insémination intra-utérine, AMP la plus simple, la moins invasive et la moins coûteuse. L’insémination intra-utérine vient ici confirmer sa place au sein des traitements de l’infertilité,
  • 34,6% (8 693 enfants) sont issus d’une congélation embryonnaire. Ce nombre en constante augmentation (16% en 2013, 29,2% en 2017) témoigne de la diminution du nombre moyen d’embryons transférés à chaque transfert et de la place croissante des transferts différés d’embryons dans la stratégie de prise en charge des couples en AMP. Ces évolutions sont favorisées par le développement de la vitrification embryonnaire et la meilleure survie des embryons après réchauffement.

 

 

4  Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381380#tableau-figure1 
5 Voir chapitre : Matériel et méthodes

 

Figure AMP3. Part des enfants nés après AMP en 2018 selon les techniques d'AMP quelle que soit l’origine des gamètes et des embryons (N=25 120)

Le volume global des activités d’AMP évolue peu depuis 2015, on note toutefois que :

  • le nombre de laboratoires déclarant uniquement une activité d’insémination est en baisse,
  • les inséminations artificielles (47 187 cycles), bien qu’en diminution, occupent toujours une large place au sein des activités d’AMP (32% de l’ensemble des tentatives),
  • le nombre de décongélations en vue de TEC augmente chaque année ( Tableau AMP2 ), ce qui traduit l’évolution des pratiques avec le développement du transfert mono-embryonnaire et de la technique de vitrification embryonnaire, l’objectif poursuivi étant de limiter le nombre de grossesses multiples,
  • le recours à l’ICSI représente deux tiers de l’ensemble des tentatives de fécondation in vitro quelle que soit l’origine des gamètes utilisés. Ce chiffre est stable depuis 2015.
Tableau AMP2. Évolution de l'activité globale d'AMP entre 2015 et 2018

L’évolution croissante du transfert mono-embryonnaire se poursuit : ces transferts représentent en 2018 plus de la moitié des transferts réalisés après fécondation in vitro (FIV ou ICSI) (56,2% en 2018 vs 42,3% en 2015), et un peu plus des trois quarts des transferts d’embryons décongelés (76,6% en 2018 vs 63,6% en 2015). Cette approche stratégique a conduit à une diminution progressive de la part des grossesses multiples.

Tableau AMP3. Nombre d'embryons transférés et accouchements multiples de 2015 à 2018

Le 

Tableau AMP4

 montre la répartition des tentatives d’inséminations et des ponctions d’ovocytes en vue de FIV ou d’ICSI en fonction de l’âge des femmes. Cette répartition est relativement stable au cours des années avec toutefois une diminution du pourcentage des femmes de moins de 30 ans prises en charge. En 2018, la part des femmes de plus de 42 ans n’avait pas augmenté avec 1,5% des inséminations ou des ponctions en vue de fécondation in vitro.

 

Tableau AMP4. Évolution de l'âge des femmes à l'insémination ou à la ponction en vue de fécondation in vitro de 2015 à 2018, quelles que soient l'origine des gamètes et la technique utilisée